Bravo à nos athlètes qui ont participé aux 85km du Grand Trail d'Auvergne le 12/10/2024 : Vanessa Métais, Dominique Baraton et mention spéciale à Baptiste Laignel qui se classe 13ème au scratch !
Merci à Vanessa pour ce témoignage "inside course" très sympa :)
2024, il me fallait bien une petite course pour cette année. Je n'avais rien fait de particulier encore.
Me voilà donc inscrite sur le GTA (et ce n'est pas un jeu vidéo) Grand Trail d'Auvergne. Plusieurs distances sont proposées : du 7 kms au 135. Je me la joue petit bras et pars sur le 85 kms.
On est plusieurs à partir sur les différents formats, j'arrive à convaincre Dom de partir avec moi pour qu'on le fasse ensemble (je ne me sentais pas encore assez grande pour faire cette distance seule). La prépa commence fin juillet. Elle sera chaotique avec un covid en août, 2 mois après un autre covid de juin ! Après 4 jours de fièvre je retourne courir, hormis le fait de ne pas avoir de jambes les poumons sont sacrément atteints et je souffle comme un bœuf à chaque effort. On ajoute à cela des crampes abdominales très handicapantes qui font qu'un simple footing de 45 min est un fiasco. Les sensations sont horribles, je ne prends aucun plaisir à courir. Ça ne me lâchera pas jusqu'à la fin quasiment. 3 semaines avant le départ je me retrouve avec des nouveaux petits problèmes de santé que je ne peux décemment pas raconter ici et qui m'obligent à arrêter toute activité 2 semaines avant le départ. Dommage la dernière sortie c'était bien passée. 1 semaine plus tard rien n'est solutionné, c'est même pire. J'envisage sérieusement de ne pas prendre le départ. Je souffre terriblement. Le médecin me donne un super traitement qui apaisera pas mal les choses sans pour autant régler totalement le problème. Bref je décide tout de même de prendre le départ contre l'avis du médecin et en sachant pertinemment que je risquais de souffrir.
Veille de course, je suis dans un état de stress jamais connu pour une course. Je prépare mes affaires le maillot, le short, le sac, les flasques...les flasques ?!?!? Oh punaises elles sont restées à la maison !!!! Gros coup de stress ! Je rêve toujours que j'oublie mes chaussures avant une course, je vérifie donc toujours 10 fois avant de partir. Les flasques c'est une première, et ce n'était pas un rêve ! Heureusement Dom et Baptiste en ont une en rab chacun ! Merci les gars !!!!
Réveil 4h00 pour un départ à 6h30. La nuit est très saccadée. J'ai mal rien qu'en étant allongée dans mon lit. Le petit déj en temps normal inexistant le matin est vraiment difficile à cette heure. Je pars avec presque rien dans le ventre. On se cale sur la ligne de départ et c'est parti pour quelques heures de balade. Si je termine je serai contente, en 15h-15h30 je serai plus que satisfaite, j'imagine plutôt16h vu les conditions ! Arrivée prévue 21h30-22h donc.
On part tout doux à l'arrière de la course, on se fait doubler sans cesse sur les premiers mètres très plat du parcours. Je me retourne dans un virage : 10, 20 personnes peut être sont derrière nous. Ce n'est pas grave, il est hors de question de se griller dès le départ. Je veux rester en gestion tout le long et essayer de souffrir au minimum. Je sens Dom à bloc à côté mais je reste concentrée. On se retrouve très vite dans un embouteillage en bas de la première côte. On avance tranquillement, on aura largement le temps de courir ensuite. On en profite pour discuter avec les autres et c'est ce que j'aime, l'avantage de mon petit niveau c'est que l'on peut papoter puisque l'on n'est clairement pas à fond. Pas sûre que les premiers prennent le temps de connaître le palmarès des leurs concurrents . Les chemins s'élargissent un peu on peut doubler quelques personnes tout en restant sages. Le tracé passe au pied du gîte dans lequel on était logés. Les copains des autres courses sont là à nous attendre pour un petit coucou qui fait plaisir.
On traverse le petit village super mignon de Vollore-Ville, et on retourne dans la pampa. Le soleil se lève. Le premier ravito arrive au 19e km, 1000m de d+ effectués. On a 30min d'avance sur le temps que je m'étais fixé. On est en plein vent, il fait hyper froid. On remplit les flasques on grignote un peu et c'est reparti. C'est une succession de petite montées et descentes, rien de très technique, assez roulant. Le piège pourrait être de se laisser embarquer. Les kilomètres s'enchaînent bien, on est à l'abri du vent au milieu des forêts il fait un temps idéal. Une belle côte nous attend avant le ravito des 42kms on est à 2000m de d+. Il doit rester 1km, il faut absolument que je mange, ça ne tiendra pas jusqu'au 42e. Je ralenti, mange une barre meltonic (product placement) et retrouve immédiatement des couleurs. Je peux filer tranquillement jusqu'au ravito. Il était temps qu'il arrive, les flasques sont presque vides. Les douleurs redoutées commencent à arriver. Je prends le temps de crémer ce qui doit l'être et prendre un petit anti douleur. On se sera arrêtés un bon quart d'heure, mais je préfère ne pas prendre de risque. On a presque 1h d'avance sur mes plans. Le plus gros du d+ est passé il reste 1200m de d+ sur la seconde partie. Le prochain stop est dans 14km ça devrait tenir jusque là. Le terrain commence à être de plus en plus gras, je sais que si je me retrouve avec les pieds mouillés les ampoules vont très vite apparaître et la fin de course peut s'avérer très longue. Je fais donc attention à éviter chaque flaque, la concentration est à son max. Il se met à pleuvoir quelques gouttes puis une pluie bien fine de plus en plus forte, elle nous emmènera jusqu'au ravito. La casquette vissée sur la tête pour protéger mes lunettes de la pluie, je ne vois pas arriver l'énorme branche qui fonce droit sur moi. Oui c'est comme en voiture, c'est le mur qui nous fonce dessus et pas l'inverse . Bref j'aurai besoin de quelques secondes pour reprendre mes esprits. Il doit rester 5kms, impossible de garder les pieds au sec plus longtemps, le chemin est parfois complètement inondé. Je sens les ampoules se former une à une, à l'arrière du talon pour commencer. On arrive à la base de vie du km 56. On avait pu déposer un sac avec des affaires la veille. Je change de t-shirt et prends le temps de soigner les ampoules. Les pieds sont tellement fripés que les pansements ne tiennent pas. Je fini par coller un bout de sparadrap à l'arrache. Un homme qui attendait sa femme prend pitié de moi et me propose un compeed. Merci le sport de me montrer que les gens peuvent encore être un minimum solidaire. Je garde le compeed au cas où...Changement de chaussettes (bonheur !!). Une bénévole me sert une soupe avec des pâtes, service à table au top (merci madame ). J'en profite pour rallumer mon téléphone resté jusqu'ici en mode avion. Je survole les dizaines de messages reçus. Merci !! je repars donc les pieds et le cœur chaud ! On aura pris environ 30minutes sur cette base de vie. Aucune importance, on repart regonflés à bloc. La pluie a cessé et on ne la retrouvera plus. Les premières centaines de mètres sont vraiment compliquées, difficile de repartir après s'être posés aussi longtemps. Dom lui se sent pousser des ailes dans ses chaussures sèches, je suis obligée de le retenir car il veut partir comme un fou ! "Dom, il reste 30kms!!". Les jambes reviennent assez vite. Les marécages aussi. Au bout de 2kms on a de l'eau jusqu'aux chevilles. Le bonheur des chaussettes sèches n'aura pas duré longtemps. Allez on file jusqu'au dernier ravito au km 70. Les pieds commencent à souffrir sérieusement. Les descentes sur les pierriers font mal. Mais le dernier ravito arrive très vite. On s'arrête quelques minutes juste le temps de remplir les flasques, avaler 2-3 cacahuètes et quelques chips (s'il ne faisait pas aussi froid on resterait bien pour l'apéro). On est à 11h45 de course, clairement en avance sur les prédictions. Le soleil commence à décliner sérieusement. Il faudra bientôt ressortir la frontale. C'est reparti pour les 15 derniers km. Je ne l'ai pas vu passer cette course et redoute le gros coup de bambou qui peut surgir à tout moment. On double des dizaines de personnes qui n'avancent plus. Je sens que les jambes sont encore au top malgré une petite douleur au genou qui pointe le bout de son nez. Les gens marchent même dans les descentes, nous on file tranquillement toujours sur le même rythme. Certains essaient de s'accrocher à nous, je vois bien que les hommes n'aiment pas que je leur passent devant et ne me font pas de cadeaux pour que je les double alors qu'ils se sont décalés pour Dom juste avant. Bref, je les bouffe quand même . Il reste 6kms, je sens l'arrivée mais en même temps elle est loin. Je relance dans les montés où l'on marchait jusque là "On la court celle là?!" s'étonnera Dom "Oui j'en ai marre j'ai envie d'arriver !!" On arrive au bord du lac d'où on est partis, ça commence à sentir bon... on grapille encore quelques places, on garde le rythme mais ce tour de lac est interminable !! On voit les lumières de l'arrivée de l'autre côté, si je n'étais pas aussi mauvaise nageuse j'aurai plongé pour arriver plus vite. Dernier virage à gauche, dernier virage à droite et enfin la ligne d'arrivée !! 13h56 de course, c'était inespéré !!! En totale gestion du début à la fin, pas une seule fois dans le rouge, j'ai réussi à m'alimenter tout au long de la course, une grande première, j'ai réussi à gérer les douleurs que je redoutais et qui auraient pu me contraindre à l'abandon et pour lesquelles j'ai bien faillit ne pas partir ! Bref si on oublie les ampoules qui vont me permettre d'éclairer tout Saint Pierre dans la prochaine semaine, je n'ai absolument pas vu passer cette course.
Pour les stats, je termine 26e féminine, 290eme au scratch. Rien de très glorieux, mais ce n'est clairement pas mon objectif. Je suis contente et c'est bien là l'essentiel. Me voilà donc ultra traileuse !!!
Maintenant je vais me plonger pleinement dans la diagonale des fous, non pas pour moi mais pour les copains qui vont prendre le départ dans quelques jours et que j'ai hâte de suivre à distance !!!
Une petite pensée pour Patrice qui aurait dû partir avec Dom et moi sur cette aventure.
Une grosse pensée pour ma Cap qui aurait aussi dû nous accompagner sur ce week-end. Il ne manquait que toi pour que ce soit parfait. Ce n'est que partie remise.
Merci à Stéphane pour son super plan comme toujours.
Merci à Dom biensur.
Merci aux 8 traileurs pour ce week end très sympa.
Merci aux gens super gentils et généreux que j'ai pu croiser sur et à coté des sentiers.
Merci à tous ceux qui m'ont inondé des messages avant, pendant et après la course (famille, amis, collègues...) sacrée source de motivation !
Merci à mes hommes ! Ça a été très difficile et culpabilisant pour moi de partir pendant ce week-end un peu particulier. Heureusement Florent a tout géré comme un chef
A l'année prochaine...